Le Sénat australien propose une loi interdisant aux mineurs de moins de 16 ans d’accéder aux réseaux sociaux

Thibault Delacroix

Le Sénat australien propose une loi interdisant aux mineurs de moins de 16 ans d'accéder aux réseaux sociaux

Le Sénat australien a adopté jeudi un projet de loi sur la sécurité en ligne interdisant aux mineurs de moins de 16 ans d’avoir des comptes sur les réseaux sociaux. Le Sénat a obtenu un vote de 34 voix contre 19, après que la Chambre des représentants a donné mercredi un vote d’approbation écrasant de 102 voix contre 13. Les sociétés de médias sociaux ont désormais environ un an pour établir des protocoles interdisant aux utilisateurs de moins de 16 ans d’avoir un compte, sous peine d’une amende pouvant aller jusqu’à 33 millions de dollars. La loi s’appliquera aux plateformes telles que TikTok, Facebook, Snapchat, Reddit, X et Instagram.

Cette loi vise à soutenir les parents et à garantir que les entreprises de médias prennent leur responsabilité sociale au sérieux, a écrit mardi le Premier ministre australien Anthony Albanese. Les jeunes Australiens ne sont pas suffisamment développés mentalement pour ignorer la haine en ligne ou repérer les faux contenus, a-t-il déclaré. Le monde a été témoin d’impacts inquiétants sur la santé mentale des enfants depuis l’essor des médias sociaux, a déclaré la sénatrice Sarah Henderson avant le vote de jeudi. Un sondage gouvernemental publié mardi révèle que plus de 75 % des Australiens soutiennent la limite d’âge.

Quels arguments les législateurs opposés ont-ils avancés ? La sénatrice Sarah Hanson-Young a critiqué le projet de loi avant son adoption jeudi, affirmant qu’il n’avait aucune substance et n’offrait qu’une apparence de sécurité. Elle a qualifié le projet de loi d’embarrassant, affirmant qu’il s’agissait simplement d’un exemple des baby-boomers essayant d’expliquer aux jeunes comment Internet devrait fonctionner. Cette loi n’aidera pas les personnes déjà dépendantes des algorithmes des réseaux sociaux ou celles qui ont du mal à établir des liens sociaux à cause de cette dépendance, a-t-elle déclaré. Le sénateur David Shoebridge a avancé un argument similaire contre l’adoption de la loi, alléguant qu’interdire l’accès aux médias sociaux aux mineurs s’identifiant comme LGBTQ les laisserait dangereusement isolés et coupés des autres comme eux.

Quelle est la prochaine étape ? La mesure reviendra brièvement à la Chambre pour que les représentants approuvent plusieurs amendements mineurs proposés par le Sénat. Cette procédure n’est qu’une formalité, selon l’Associated Press, puisque le gouvernement a déjà accepté leur adoption. Les modifications offriraient une meilleure protection de la vie privée des utilisateurs en établissant que les plateformes ne peuvent pas obliger les utilisateurs à fournir des documents d’identification émis par le gouvernement. Après cela, le gouverneur général australien, Sam Mostyn, devra donner son approbation finale à la législation et la signer officiellement.