Trudeau a-t-il fini ?

Thibault Delacroix

Trudeau a-t-il fini ?

C’est le chaos dans les terres soi-disant tranquilles du Canada, mon pays d’origine.

La voix de la loyale opposition de Sa Majesté, le chef du Parti conservateur Pierre Poilievre, a martelé un message sans appel : « L’immigration est hors de contrôle, la criminalité est hors de contrôle, et maintenant le gouvernement a perdu le contrôle des finances du pays. Il ne semble pas hyperbolique en affirmant que tout est hors de contrôle au pire moment possible alors que nous sommes confrontés à une éventuelle guerre commerciale avec les États-Unis, notre plus grand partenaire commercial.

Le Canada est devenu la risée du monde entier, et les Canadiens en ont assez. Ouvrez X et vous verrez le premier ministre Justin Trudeau se moquer du président élu des États-Unis, Donald Trump, qui le qualifie de « gouverneur » du « grand État du Canada ».

Il y a quelques jours à peine, Chrystia Freeland, qui était ministre des Finances et vice-première ministre, a brusquement démissionné au lieu de présenter au Parlement sa mise à jour économique prévue pour l’automne. Elle a publié sa lettre de démission le X, dans laquelle elle affirmait de manière cinglante que nous devions éviter les « gadgets politiques coûteux » pour garder « notre poudre fiscale au sec » en vue d’une éventuelle guerre commerciale. Elle fait référence à la décision du gouvernement de suspendre la taxe de vente nationale sur certains produits liés à Noël pendant deux mois à compter de lundi dernier et d’envoyer des chèques de 250 $ à 19 millions de travailleurs canadiens. Ces « gadgets » sont clairement une tentative flagrante de soudoyer les Canadiens avec leur propre argent pour qu’ils votent pour les candidats du Parti libéral.

Mais on ne peut pas vraiment faire confiance à Freeland, pas plus qu’à Trudeau en matière de finances. Elle a eu recours à de tels gadgets dans le passé, et il semble que la seule raison pour laquelle elle a hésité maintenant était que Trudeau lui a dit vendredi (sur Zoom) qu’elle était reléguée du poste des finances à un poste moindre immédiatement après l’automne. un énoncé économique a été déposé. C’était apparemment pour qu’elle puisse assumer la responsabilité du déficit qui a grimpé à 62 milliards de dollars alors que le gouvernement avait promis de le maintenir en dessous de 40 milliards de dollars l’année dernière. Mais Freeland a décidé qu’il était temps d’apporter une arme à feu pour un combat au couteau et de se distancer du capitaine du navire en perdition. Elle vient peut-être de mettre fin au pouvoir de Trudeau.

Au cours de la dernière année, les libéraux ont perdu des élections spéciales au Québec, à Toronto et, plus récemment, en Colombie-Britannique. Les élections de lundi dans une circonscription près de Vancouver ont vu les conservateurs remporter les deux tiers des voix dans une circonscription précédemment détenue par les libéraux. Environ un tiers du caucus libéral demande désormais la démission de Trudeau.

De plus en plus, nous sommes un morceau de territoire postmoderne, post-national et post-chrétien que se disputent divers groupes d’immigrants cherchant à le coloniser au nom de leur propre forme de nationalisme ou de religion politique.

Pourquoi Trudeau s’accroche-t-il ? Le Parlement est en pause de six semaines, il est donc possible qu’il se retire au cours de la nouvelle année. Le Poste National publie déjà des articles sur l’identité de son éventuel successeur. Trudeau, qui a divorcé plus tôt cette année, semble vivre dans une bulle et semble inconscient du fait qu’il ne peut pas gagner à nouveau. Les sondages montrent que les conservateurs ont remporté l’une des plus grandes majorités de l’histoire du Canada, et les sondages n’ont pas bougé toute l’année. Les gadgets ne fonctionnent plus.

Il est difficile de comprendre pourquoi Trudeau ne permet pas au moins à son Parti libéral de récupérer ce qu’il peut lors des prochaines élections sous la direction d’un chef moins impopulaire. Les Canadiens ont tendance à rejeter les gouvernements après quelques mandats – c’est pratiquement une tradition. Mais cela semble différent. La haine viscérale envers ce gouvernement en dehors des élites torontoises-montréalaises est palpable.

C’est un Premier ministre qui, au cours des neuf dernières années, nous a donné des frontières poreuses, des drogues légalisées, des criminels relâchés dans la communauté au lieu d’être enfermés, des avortements incontrôlés, des euthanasies sans garde-fous, une crise du logement, une inflation galopante, une explosion des prix. déficits, antisémitisme dans les rues, idéologie de genre dans les salles de classe, armée en ruine, mauvaises relations avec les États-Unis, scandale après scandale, suspension des droits civils fondamentaux comme outil politique pendant la crise des convois de camionneurs, et un sentiment général d’une position diminuée dans le monde. Et pourtant, Trudeau continue comme si tout allait bien. Il semble totalement déconnecté de la réalité.

Le Canada était connu pour sa paix, son ordre et son bon gouvernement. Ces jours sont révolus depuis longtemps. De plus en plus, nous sommes un morceau de territoire postmoderne, post-national et post-chrétien que se disputent divers groupes d’immigrants cherchant à le coloniser au nom de leur propre forme de nationalisme ou de religion politique.

En 1965, le grand philosophe canadien George Grant a écrit le classique de la pensée politique canadienne : Plainte pour une nation. Il y déplorait que le Canada ait cessé d’exister en tant qu’État souverain parce qu’il avait été assimilé par la politique étrangère américaine. Il craignait que l’identité canadienne ne soit en train de se perdre. Si seulement il pouvait nous voir maintenant.