Numéro 24

Thibault Delacroix

Numéro 24

Classé TV-MA • Netflix

Oublier l’histoire nous condamne à répéter les mêmes erreurs, dit le proverbe, mais se souvenir nécessite-t-il la divulgation de chaque détail douloureux ? C’est la question centrale dans Numéro 24 (ou N° 24), un nouveau film norvégien basé sur les activités de résistance de Gunnar Sønsteby, qui reste le citoyen le plus décoré de Norvège pendant la Seconde Guerre mondiale. Devant un parterre de lycéens d’aujourd’hui, ce héros national (interprété par Erik Hivju) raconte son rôle dans la lutte contre les occupants nazis et les traîtres norvégiens. Il délivre un message instructif à ceux qui se trouvent dans une situation confortable : quelques-uns doivent choisir la douleur et la mort pour assurer la paix et la liberté pour tous. Mais avec tant de diables dans les détails, une confession inconfortable émerge.

Alors que Sønsteby commence son discours, il demande aux adolescents : « Vous sentez-vous en sécurité ? Lorsqu’ils sourient et hochent la tête affirmativement, il ajoute : « Moi aussi, je me sentais en sécurité. » Il leur raconte comment, étant jeune homme, il croyait vivre dans l’après-guerre. Mais les années 1930 se sont avérées être une entrepériode de guerre, rappelle-t-il à ses auditeurs.

La guerre revient.

Alternant entre passé et présent, la majeure partie du film se déroule dans les cinq années qui ont suivi l’invasion de la Norvège par l’Allemagne en avril 1940, qui a incité Sønsteby à rejoindre la résistance. La tension monte dans les deux scénarios du film : les autorités nazies et norvégiennes traquent le « gang d’Oslo » de Sønsteby avec une efficacité diabolique, et des questions personnelles dans la salle de conférence de l’école mettent le vieux Sønsteby sur la défensive.

En tant qu’agent « Numéro 24 », le jeune Sønsteby (Sjur Vatne Brean) assume des missions qui comportent de nombreux risques : publier un journal clandestin, détruire un bureau de recrutement et dynamiter une usine de munitions. Les autorités découvrent finalement que Sønsteby est celui qui a dirigé les opérations de résistance d’Oslo. Un jour, alors qu’il tend une fausse carte d’identité à des soldats allemands dans la rue, il doigte une grenade dans la poche de son manteau, prêt à éviter d’être capturé vivant.

La stratégie de guerre de Sønsteby prend une tournure qui le hantera à jamais : sur ordre de ses surveillants britanniques, le groupe de Sønsteby commence à assassiner les Norvégiens qui aident les nazis. Les meurtres de leurs compatriotes inquiètent également les étudiants, en particulier une jeune fille aux cheveux bouclés (Flo Fagerli) qui demande des explications.

« Alors, vous n’avez jamais pensé à la non-violence ? » demande-t-elle. « Gandhi? »

« La non-violence ne fonctionne pas lorsque votre pays est pris par des gens qui méprisent l’humanité », répond Sønsteby.

Les amateurs de Flamme & Citron et Max Manus : l’homme de guerre je trouverai que Numéro 24 s’ajoute au catalogue de drames historiques scandinaves convaincants sur la Seconde Guerre mondiale. (Un peu de langage et de violence, ainsi qu’une brève nudité masculine frontale dans une scène de torture, donnent au film sa classification TV-MA.) Un casting de premier ordre, de superbes paysages de neige montagneux et boisés et des décors richement décorés renforcent une guerre acharnée. histoire. Véhicules, armes, meubles et costumes authentiques de l’époque : l’attention portée aux détails est peut-être comparable à celle de l’industrie cinématographique, mais tout reste visuellement remarquable.

Sønsteby a du mal à partager des pans de l’histoire – et son histoire – qu’il préfère oublier. Lorsque la guerre est menée sur son propre territoire, ses conséquences touchent inévitablement notre pays.