Jeu de mots : l’incroyable bestiaire de Dieu

Thibault Delacroix

Jeu de mots : l'incroyable bestiaire de Dieu

Note de l’éditeur : le texte suivant est une transcription d’une histoire de podcast. Pour écouter l’histoire, cliquez sur la flèche sous le titre ci-dessus.

MYRNA BROWN, HÔTE : Aujourd’hui, nous sommes le vendredi 17 octobre. Bonjour! C’est Le monde et tout ce qu’il contient de WORLD Radio soutenu par les auditeurs. Je m’appelle Myrna Brown.

NICK EICHER, HÔTE : Et je m’appelle Nick Eicher. Le commentateur du MONDE, George Grant, termine notre semaine avec le jeu de mots de ce mois-ci. Aujourd’hui, l’émerveillement, les paroles et les créatures qui remplissent le monde de Dieu.

GEORGE GRANT : Nous vivons dans un monde enchanté de diversité vertigineuse et d’essaimage sacré. Dieu a fait que les mers regorgent de créatures vivantes, de bancs de poissons et de grands monstres. Il a fait que l’étendue des cieux regorgeait de troupeaux, de murmures et de foules d’oiseaux ailés en vol. Il a rendu la terre ferme peuplée des bêtes de la terre, du bétail mugissant et de tout ce qui rampe sur le sol. Il a fait que chaque créature de ce sacré grouillant pour être féconde et se multiplier selon son espèce, une gamme infinie d’images mortelles avec lesquelles il nous parle des choses éternelles.

Il n’est donc pas étonnant que les chrétiens de l’époque médiévale aient été captivés par l’idée de cataloguer cette splendeur créatrice dans des recueils détaillés, parfois extrêmement imaginatifs, appelés bestiaires. Il s’agissait de livres encyclopédiques qui combinaient des descriptions, des illustrations et des leçons de morale concernant toutes sortes de créatures fabuleuses, certaines observées dans le monde naturel et d’autres mythiquement fantaisistes, certaines exotiques, certaines banales. Comme les listes aristotéliciennes qu’ils imitaient, les bestiaires médiévaux sont devenus les lexiques ou les guides de référence sur le terrain pour le langage analogique et métaphorique de la profusion fleurie d’art, d’architecture et de littérature de l’époque.

Dans le mystère du meurtre médiéval classique d’Umberto Eco, Le nom de la rosele novice Adso s’approche de l’édifice imposant d’une chapelle abbatiale. Au-dessus de lui se trouve un tympan sculpté. Il s’agit d’un bestiaire de pierre décrit dans une phrase étonnante de 250 mots, saturée d’une débauche de vocabulaire inconnu. Il s’agissait, déclare Adso, d’une « polyphonie énigmatique », « assemblée en consistoire », avec « des sirènes, des gorgones, des harpies, des incubes, des dragopodes, des minotaures, des lynx, des pardes, des chimères, des griffons, des leucrotes, des manticores, des paranders, des sauriens et des dipsases ». C’est à couper le souffle.

Le légendaire de la Terre du Milieu de JRR Tolkien présente également un immense bestiaire cosmologique peuplé de hobbits, d’elfes, de nains et d’hommes. Mais il y a aussi des balrogs, des nazgûl, des kraken, des orcs, des trolls, des entités, des monstres des brouettes et une foule d’autres créatures.

CS Lewis nous a offert un bestiaire narnien comprenant des centaures, des dryades, des niades, des faunes, des nymphes, des ogres, des satyres, des lutins, des licornes et des spectres, sans parler des castors éloquents, des chevaux articulés, des rondelles fluides et des lions rédempteurs.

Mais le bestiaire le plus grandiose de tous se trouve peut-être dans les Écritures de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il y a le sacré qui regorge dans le royaume céleste : les anges, les archanges, les principautés, les puissances et les armées des cieux. Il y a du sacré qui regorge dans le royaume terrestre : nephilim, rephaïm, emim et zamzumim. Il y a les créatures apocalyptiques : les dragons, les bêtes ailées ayant l’apparence de lions, de léopards, de béliers et de boucs, la bête cornue à sept têtes dans l’Apocalypse de Jean et les quatre créatures vivantes éblouissantes de la vision prophétique d’Ézéchiel. Il y a les créatures terrifiantes du Léviathan, du Béhémoth et de la réadaptation.

Faut-il s’étonner alors que, lorsque Dieu a chargé Adam de nommer chaque créature dans le vaste fourmillement sacré, il ait dû faire preuve d’une telle dextérité linguistique et d’une telle créativité ? Le bestiaire de Dieu a en effet de quoi vous couper le souffle.

Je m’appelle George Grant.